Rue Saint-Bon (IVe arrondissement) – À quelques pas du cœur historique de Paris, les habitants d’un immeuble font face à un bras de fer juridique et humain contre un promoteur immobilier. En jeu : une tentative de vente à la découpe qu’ils jugent illégale, menaçant leur droit au logement.
Jean, résident depuis plus de 40 ans au 8, rue Saint-Bon, a vu son quotidien basculer en 2022 lorsqu’il reçoit un courrier recommandé l’intimant de quitter son appartement sous six mois. Le nouveau propriétaire, un promoteur privé, semble ignorer sciemment les clauses du bail en cours et les obligations légales encadrant la vente à la découpe. Une stratégie que les résidents dénoncent avec force.
Selon l'Association des Comités de Défense des Locataires (ACDL), près de 75 % de l’immeuble est entre les mains de deux copropriétaires principaux, qui auraient entrepris des démarches de cession individuelle sans respecter les accords nationaux en vigueur, ni les droits de préemption des locataires.
« Il s’agit là d’un contournement manifeste des procédures légales. On assiste à une instrumentalisation de la loi au profit d’intérêts spéculatifs », dénonce Benoît Filippi, porte-parole de l’ACDL.
Face à cette situation, les locataires ont décidé de faire bloc. Ils ont notamment refusé l’accès à leurs logements pour les visites d’acheteurs potentiels. Un acte fort, symbolique d’un refus de voir leurs vies bradées au nom d’opérations financières.
Le 29 juillet 2025, leur mobilisation a trouvé un écho politique : le député Emmanuel Grégoire a saisi la procureure de Paris afin de faire la lumière sur les soupçons de fraude à la vente et de non-respect des droits des locataires.
Dans un contexte où la pression immobilière dans la capitale ne cesse de croître, cette affaire illustre les tensions entre les besoins en logements accessibles et la logique spéculative de certains investisseurs. Les habitants de la rue Saint-Bon, eux, entendent bien défendre leur toit jusqu’au bout.