Depuis dix ans, le site de Sivens, dans le Tarn, est devenu le symbole d'une lutte acharnée contre les projets de barrages. Le récent annonce d'une nouvelle retenue d'eau, d'une capacité d'environ 800.000 m3, a relancé les tensions entre partisans et opposants. Alors que le maire de Lisle-sur-Tarn, Marilyn Lherm, évoque l'importance de ce projet pour l'agriculture et l'environnement, les collectifs de défense de la nature s'organisent pour faire entendre leur voix, une fois de plus.
Une mobilisation sans précédent
Le 6 janvier 2025, à Gaillac, les collectifs, syndicats et associations qui s'étaient opposés à la construction du premier barrage se sont réunis. Cette réunion rappelle les débuts de la contestation en 2011, lorsque le projet initial, d'une retenue de 1,5 million de m3, avait provoqué des tensions majeures dans la région. Pour la maire, la nécessité de ces retenues est claire : « Bien sûr : 473.000 mètres cubes pour l'agriculture, 200.000 pour le milieu, 200.000 pour l'étiage du lac. » Toutefois, les opposants dénoncent une vision étroite qui ne tient pas compte des impacts environnementaux.
Des inquiétudes sur la zone humide
Pour les acteurs de la protection de l'environnement, la proposition de nouveaux barrages sur la zone humide de Sivens cristallise les craintes. Axelle Patoureau de Nature et Progrès souligne : « On a dit qu'on consentait à de nouveaux stockages du moment qu'ils étaient en aval. » Cette insistance sur l'emplacement des retenues soulève des questions sur les véritables besoins en eau du territoire, qui restent flous après des années de promesses de diagnostics.
Le choix du modèle de retenue
Les défenseurs des barrages avancent diverses options, allant d'un gros barrage à plusieurs petites retenues. Cependant, Françoise Blandel de France Nature Environnement du Tarn craint que la solution la moins coûteuse, celle d'une retenue de 800.000 m3, soit privilégiée. « Une grosse réserve… Avec 800.000 mètres cubes, quand on divise le coût par m3, c’est le moins cher. »
Les alternatives négligées
Les critiques s'accumulent autour du manque d'analyse des besoins réels en eau. Les militants mettent en avant l'existence de 78 retenues déjà en service, représentant 1,1 million de mètres cubes, qui pourraient être exploitées. Christian Pince de Lisle Environnement déclare : « Ils ne prennent pas compte plein de retenues qui existent. » Pour beaucoup, il semble évident que les décideurs cherchent à construire un barrage coûte que coûte, malgré les solutions alternatives proposées.
Un appel à la résistance
Face à ces projets, les opposants annoncent une nouvelle dynamique de mobilisation. S'appuyant sur les réseaux sociaux et s'identifiant sous le nom de Sivens Acte 2, ils promettent de ressusciter leur lutte. Le souvenir de Rémi Fraisse, jeune militant tragiquement décédé lors de la contestation précédente, demeure présent dans les esprits. Cela renforce l'engagement des collectifs qui, depuis 10 ans, font entendre leurs revendications.
La tension grandissante autour de ce projet à Sivens et le souvenir des luttes passées incitent à une réflexion profonde sur l'avenir des infrastructures et leur impact sur l'environnement. Les batailles s'annoncent rudes, et les enjeux en jeu sont considérables.